Beaucoup de musiciens (ou d'analystes) sont
sensibles aux symétries dans la musique ; il est même
clair que certains compositeurs en construisent
délibérément, et ce, de bien avant J.S.Bach
jusqu'à nos jours (cf. les exemples infra).
Quel que soit le contexte
historico-musical, il importe donc de savoir prévoir,
reconnaître et construire les symétries du
matériau (thèmes, motifs, "structures hors-temps" -
selon le mot de XENAKIS).
En musique classique, ces symétries sont souvent des groupes
de frises [AMIOT],
en musique sérielle ce sont d'autres groupes que je classifie
ici, essentiellement à l'aide de la notion d'action de groupe,
dont cet article est une permanente illustration.
Il existe de rares travaux analogues
[MORRIS,
HEL'GOUARCH],
plus orientés sur des propriétés ensemblistes
des séries (suivant en cela SCHÖNBERG
lui-même) ; j'ai préféré rechercher une
relative préservation des qualités mélodiques
ainsi que l'ont fait BERG
et WEBERN,
ses disciples, lesquels auraient, de l'avis général,
mieux réussi à utiliser la série que leur
maître.
Rappelons qu'une série
dodécaphonique est un thème de douze notes toutes
distinctes ; la périodicité des douze notes par octave
(une note a le même nom que celles situées à
distance d'une octave), qui témoigne d'une structure quotient
dans l'ensemble des hauteurs, s'exprime mathématiquement par
le fait que l'on modélisera les douze notes - do, do#,
ré, ré#, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, la#, si - par
l'ensemble Z/12Z.
Ce choix simplicateur pourra être contesté par tous ceux
qui tiennent que l'intervalle entre la et la#, par
exemple, est légèrement plus grand que celui entre
la# et si. C'est là une évidence pour un
violoniste, mais pas pour un pianiste.
Arnold SCHÖNBERG
n'a pas, nous dit-on1
, inventé la série dodécaphonique, mais c'est
incontestablement lui qui en a formalisé l'utilisation
musicale dans les années 1920. C'est lui qui a
énuméré le premier les 48 transformations
- lesquelles
forment un groupe - que l'on peut faire subir à une
série (cf. § II) et les autres transformations que
j'introduis ici ne font qu'explorer plus loin les chemins qu'il a
découverts. La musique sérielle, c'est à dire
composée à l'aide de séries, s'est
généralisée à d'autres échelles
que les hauteurs dans les années cinquante, et jusqu'à
nos jours. Les résultats ici présentés peuvent
donc servir aux compositeurs d'aujourd'hui, sans parler des analystes
de la musique d'hier.
Je me dois de signaler tout spécialement le compositeur
André Riotte2,
qui a inventé le concept de cycle
équilibré, lequel m'a conduit à rechercher
parmi les 12! séries possibles qui, plus égales que les
autres, méritaient plus l'intérêt du compositeur
- ou du mathématicien.
On appellera série une suite
de douze notes distinctes (un dodéca-uplet ordonné), ou
de manière équivalente une bijection de {1, ...,
12} dans Z/12Z,
ou encore une permutation de Z/12Z
(ou {1, ..., 12}, ou {0, ..., 11}). Ainsi, la série
énoncée par Webern à la troisième de ses
Variationen est :
Je note B la rétrogradation
(qui change la série (a1...a12)
en (a12...a1)),
Dk
le déphasage de k termes qui donne
(ak+1...a12
a1...ak),
Ri
la transposition de i notes qui change k en
k+i, et Sj
la symétrie qui transforme 0 en j (et change
x en j-x). Par exemple R3
change un mi en sol, tandis que
D5
appliqué à la série de l'exemple la ferait
commencer par do
fa# mi sol ...
Les deux énonciations suivantes de la série S
dans cette troisième Variation de Webern ont subi de
telles transformations: ce sont {3, 7, 8, 4, 5, 6, 0, 2, 11, 1, 9,
10}, qui n'est autre que D6(S),
et {8, 9, 5, 7, 4, 6, 0, 1, 2, 10, 11, 3}=B(S). On s'accorde
généralement à trouver à cette triple
énonciation volontairement simpliste une intention
humoristique, vu la complexité de ce qui va suivre...
Avec cette notation, on a les relations :
B commute avec tous les
Ri,
Sj
mais B.Dk
= D-k.B
(en particulier, cette transformation est son propre inverse). Les
transpositions et déphasages commutent aussi entre eux.
Laissons provisoirement les déphasages de côtés ;
le moment venu, on rebaptisera cycles les séries pour
exprimer qu'on les referme ("la treizième revient, c'est
encore la première"3).
Enfin on pourra laisser de côté en première
lecture les § en petits caractères, comme
celui-ci.
Il est clair que l'ensemble des transpositions Ri forme un groupe, qui agit sur Z/12Z par la simple règle :
Cette action en induit une autre, sur
l'ensemble SER de toutes les séries (qui a 12! = 479 001 600
éléments). Ce groupe, isomorphe à
Z/12Z,
a une signification musicale très simple : il y a douze
transpositions possibles (à octave près) d'une
même partition. Cette simplicité étant
doublée d'une grande trivialité, nous
considèrerons tout de suite le surgroupe à 24
éléments que l'on obtient en rajoutant les
renversements Si.
Je le baptise D12,
car il est isomorphe au groupe diédral des isométries
du dodécagone régulier. Cet isomorphisme est
immédiat sur la notation "en horloge" d'une série
(dûe à A. RIOTTE)
et que nous conserverons dorénavant (cf. illustration
ci-dessus).
Notons que le groupe D12
n'est plus
commutatif4,
et agrandissons-le encore :
Nous avons ajouté une seule
opération au groupe diédral
D12
des transpositions-renversements : la rétrogradation. Il en
résulte un groupe de taille double. En effet, B commute
avec les Ri
comme avec les Si,
donnant 24 nouveaux éléments de la forme
B.Ri=Ri.B
ou B.Si=Si.B.
Il est facile de vérifier que ces 48 transformations forment
un groupe.
On voit que SCHÖN est le produit direct5
des groupes {Id, B} et D12.
Pour calculer dans SCHÖN, il suffit de reprendre les tables de
D12
et de "sortir les B", i.e. de compter à part le nombre de
rétrogradations. Par exemple,
Les deux rétrogradations s'annulent.
Pour voir SCHÖN, il faut plonger
l'horloge ci-dessus en dimension supérieure, dans un cylindre.
L'équivalent de la rétrogradation sera alors la
symétrie par rapport à un plan parallèle
à l'horloge : si B figure dans une transformation, cela
signifie qu'il faut regarder par derrière. De façon
équivalente, il s'agit de parcourir le graphe (hamiltonien)
orienté dans l'autre sens.
On contemple ici les parties visibles d'une série s={0 2 5 3 1 4 ...} et de sa rétrogradée B(s).
On se convainc facilement - compte tenu de
ce que toute projection d'un sous-groupe est un sous-groupe - que les
sous-groupes de SCHÖN sont de trois types, plus un individu
atypique :
* les groupes cycliques ou diédraux, qui sont les sous-groupes
de D12.
* les groupes cycliques ou diédraux, multipliés par
B.
Autrement dit, à partir de G={Id,
R4,
R8}
qui est un sous-groupe de D12,
on obtient
Gx{Id,
B} = {Id, R4,
R8,
B, B.R4,
B.R8}
qui est deux fois plus gros.
* les groupes {Id, B.Si}
à deux éléments.
* le groupe {Id, B.R6}
Que peut-il contenir ?
Je recherche l'ensemble des symétries possibles d'une
série, ie les transformations qui conservent la
série (comme une rotation de 120° autour d'une grande
diagonale conserve un cube); l'ensemble de toutes les transormations
qui conservent un objet forment un groupe, que l'on appelle son
stabilisateur.
Avec la définition présente des séries, les
stabilisateurs (i.e. les symétries éventuelles
d'une série) vont être plutôt décevants. En
effet, il est clair qu'aucune série ne peut être
conservée par :
* transposition : toutes les notes sont changées ;
* rétrogradation : la première note n'est pas
égale à la dernière ;
* renversement : aucune symétrie ne peut conserver toutes les
notes ;
Il en résulte un triste théorème :
En effet, les seuls groupes de la liste
obtenue ci-dessus qui ne contiennent ni transposition, ni B, sont les
{Id, B.Si}
6
et {Id, B.R6}.
Celles dont le stabilisateur est {Id, B.R6}. Toute cette étude est en grande partie motivée par l'exemple de la série génératrice de la Suite Lyrique d'Alban BERG, dont les nombreuses propriétés ont été relevées par des auteurs encore plus nombreux. Voici son diagramme, avec sa rétrogradée :
La série rétrogradée n'est autre que la transposée au triton - par R6 - de la série initiale. Les intervalles successifs sont : -1, -4, -3, -2, -5, -6, 5, 2, 3, 4, 1( +6).
Il est naturel de se demander combien de
séries admettent un stabilisateur, i.e. "une
symétrie" au sens géométrique du terme. On vient
de voir de quels groupes il peut s'agir, et la réponse est
donnée par un calcul simple:
.
Il y a 12 choix pour la première note, mais alors la
dernière est choisie aussi ; donc il reste 10 choix pour la
seconde, qui détermine la pénultième, etc...
soit 12x10x8x6x4x2=26.6!.
Reste à multiplier par les 6 (et non 12) axes possibles + 1
centre.
Il en résulte que pour les 478 725 120 séries
restantes, chaque orbite a 48 éléments, autrement dit
:
Je définis l'opérateur Dk par:
Rajouter ces Dk
agrandit considérablement le groupe SCHÖN, donnant 576
éléments. On va procéder par étapes, en
considérant des groupes de plus en plus gros contenant tous
les déphasages.
Il est évident que les Dk
forment un groupe, isomorphe à Z/12Z,
car Dk Dl=Dk+l
de façon immédiate (où k prend ses
valeurs modulo 12 : l'inverse de D4,
par exemple, est D8
puisque 4+8=12=0). En particulier, on peut étudier les
orbites de ce groupe, qui sont les circuits
fermés (cycles se "mordant la queue", sans note de
départ fixée).
Quand un groupe G={g1,
..., gn}
transforme un objet X en une famille {g1(X),
..., gn(X)}
= {X1,
..., Xk},
cette famille est globalement stable par G et s'appelle
l'orbite de X sous l'action de G. À noter que
n/k est le cardinal du stabilisateur d'un élément
quelconque de l'orbite.
Cela présente le double avantage de réduire, par
passage au quotient, l'ensemble SER (plus que 11! cycles), et de
donner plus de "symétries" possibles, avec des groupes
stabilisateurs moins triviaux.
Notons l'effet du déphasage sur les divers opérateurs
déjà connus :
Dk
commute avec les Ri
(transpositions).
Dk
commute aussi avec les Si
(renversements).
Plus
généralement, Dk
se moque des hauteurs des notes, agissant sur leurs seuls
indices.
Mais Dk
ne commute pas avec la rétrogradation : on a
B.Dk
= D12-k.B.
Finalement, on trouve les éléments du nouveau groupe
dans la liste qui suit :
Pour élucider l'action des
décalages et voir quelles nouvelles symétries ils
peuvent apporter, considérons l'exemple suivant, adapté
mutatis mutandis du Trio à cordes de Webern opus
21 : {1 0 3 2 9 8 11 10 5 4 7
}.
On constate qu'un déphasage de 4 crans (D4) transforme la série W en sa transposée de 8 demi-tons : {9 8 11 10 5 4 7 6 1 0 3 2} = D4(W) = R8(W). Il en résulte en composant par R4, l'inverse de R8, que R4D4 laisse stable W. Il en est donc de même de R8D8 = (R4D4)2. WEBERN ne se prive pas de jouer, avec une virtuosité consommée, de ces métamorphoses.
En fait il les rend plus audibles par une petite brisure de symétrie, en renversant le motif central.
C'est le groupe9 dont les éléments sont de la forme Ri, Dk, ou DkRi. Par exemple, la gamme chromatique {0, ..., 11} est stable par les douze opérateurs de la forme DiR-i (i= 1...12). De façon générale, on voit qu'un cycle stable par une rotation-déphasage non triviale doit avoir une forme assez particulière : son contour doit être périodique, ie on doit pouvoir déduire tout le cycle d'un petit fragment.
Exemple : l'ordre de R8, R4 ou D8 est le même, à savoir celui de 4 et 8 dans Z/12Z : c'est 3. En revanche, l'ordre de D5 ou R5 est égal à douze (on peut en déduire que tous les Ri sont des puissances de R5) et l'ordre d'un renversement Si est toujours 2. Mais l'ordre de BR5 est égal à 10.
La réciproque est facile.
Démonstration : par
hypothèse, on a TN = Tn = Id où
n est l'ordre de la transformation T ; on divise N par
n. Soit r le reste et q le quotient, on a donc
N=nq + r où r<n, montrons que r
est nul : on a
Tr = TN-nq = TN. T-nq =
Id. (T-n)q = Id.(Id)q = Id,
donc le rième itéré de T est
Id, mais on a supposé que n était le plus petit
entier non nul ayant cette propriété : il en
résulte que r=0, cqfd.10
Revenons à nos cycles :
Or les éléments de
Z/12Z
se classifient en les familles suivantes selon leur ordre (qui n'est
autre que le plus petit multiplicateur qui les rende divisibles par
12) :
{1 5 7 11} (dordre 12) {2 10} (d'ordre 6) {3 9} (d'ordre 4)
{4 8} (d'ordre 3) {6} (d'ordre 2).
On peut considérer que 0 est d'ordre 1 !
Démontrons la proposition : je considère la
transformation T, qui laisse stable le cycle, avec
T=Ri Dj.
Itérons T un nombre de fois égal à l'ordre de
i (ou de Ri,
c'est le même) : on a de façon
générale11
Tn=Rin
Djn
et si n est l'ordre de Ri,
il reste seulement Djn
= D jn
; mais on a vu qu'aucun cycle ne
peut être stable par déphasage : donc ce
déphasage n'en est pas un, c'est l'identité (le
déphasage nul) et il en résulte que l'ordre de
j divise l'ordre de i. Mais i et
j jouent des rôles symétriques : finalement, ils
sont bien égaux.
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Remarquons que tous ces groupes sont
monogènes, c'est à dire engendrés par le
deuxième élément de la liste qui les
définit ci-dessus.
Démonstration : soit i le plus petit indice (non
nul) tel qu'un certain RiDj
laisse stable le cycle, alors
j a le même ordre que i d'après la
proposition ci-dessus. Est-il possible que plusieurs j
conviennent ? Si on trouvait j' tel que
RiDj'
laissât aussi stable le
cycle, le déphasage Ri
Dj.(Ri
Dj')-1
= Dj-j'
serait aussi un élément du stabilisateur. Mais on a
déjà vu que le seul déphasage qui laisse un
cycle invariant est le déphasage nul : donc j=j', et
j est uniquement déterminé. Je dis que le
stabilisateur du cycle est engendré par
RiDj
, i.e. que le stabilisateur est un groupe cyclique. Soit en
effet un autre élément du stabilisateur,
Ri'Dj',
et divisons i' par i : si i'=iq+r, il vient en
composant Ri'Dj'
par
(RiDj)-q,
que Ri'-iqDj'-jq
= RrDj'-jq
doit aussi stabiliser le cycle. Mais comme r<i et que l'on
a supposé i minimal, c'est que r=0. Il reste
Dj'-jq
, qui doit être l'identité, puisque les "vrais"
déphasages sont interdits, et donc j'=jq ce qui prouve
finalement que Ri'Dj'
= (RiDj)q,
cqfd12.
Il ne reste donc plus qu'à chercher les groupes
engendrés par les éléments de la forme
RiDj,
avec i et j de même ordre, pris dans les listes
ci-dessus, en prenant i le plus petit possible à chaque
fois : le lecteur pourra vérifier que je n'ai rien
oublié !
On en déduit maintenant le nombre total de cycles
possédant des symétries dans le groupe des
transpositions-déphasages, à condition de faire
attention aux inclusions de ces groupes les uns dans les autres
:
Démonstration : remarquons dabord que chacun des
groupes du bas (à douze éléments) stabilise
exactement douze cycles : par exemple, R1D11
laisse stables les douze gammes chromatiques ascendantes (comme
{0...11}). Plus généralement, étant
donnée la première note du cycle, la
jième
est son image par l'unique élément du groupe qui
s'écrit RiDj
(avec le même j).
Considérons maintenant
R2D2
et R2D10,
les deux stabilisateurs d'ordre 6 ; pour calculer les cycles qu'ils
laissent stables, on peut compter ainsi : il y a 12 choix pour la
première note, dont la donnée détermine aussi la
troisième, la cinquième.... Il n'y a donc plus que 6
choix pour la deuxième (ou 10ième)
note, qui détermine à son tour toutes les notes
restantes.
Le cycle est réunion de deux orbites dans l'ensemble des douze
notes :
si on choisit 0 comme première note, on connait la
moitié du cycle : (0 * 2 * 4 * 6 * 8 * 10 * ) (pour que le
stabilisateur soit R2D10).
En choisissant par exemple 5 comme deuxième note, on trouve
l'autre moitié :
(* 5 * 7 * 9 * 11 * 1 * 3) soit en superposant (0 5 2 7 4 9 6 11 8 1
10 3).
Cela fait 12x6 = 72 cycles pour chaque groupe. Mais en faisant cela,
on obtient des cycles stables par ces groupes, ce qui ne signifie pas
que leur stabilisateur soit égal à l'un de ces
groupes, mais seulement qu'il le contient. Pratiquement, on a
compté aussi les cycles des groupes précédents,
à douze éléments ! Il faut donc, pour chaque
groupe, retirer 12+12 = 24 cycles14,
reste 72-24 = 48 cycles, pour les deux groupes, donc 96
cycles15
ont pour stabilisateur un groupe à 6
éléments.
De même, on calculerait les cycles associés à
R3D3
par le produit 12x8x4=384, dont il faut encore retirer 24 cycles (pas
tout à fait les mêmes !), restent 360 pour chaque
groupe, soit 720 cycles qui ont pour stabilisateur un groupe à
4 éléments.
En voici un exemple synthétique : {0 8 1
3 11 4 6 2 7 9
5 10} où les quatre orbites - qui
arpègent des septièmes diminuées - ont des
typographies différentes.
Le lecteur peut vérifier pour la ligne
précédente du treillis des sous-groupes le calcul :
12x9x6x3 = 1944, dont il faut ôter 72 (somme des
cardinaux de tous les "descendants"), restent
1944 - 72 = 1872 par groupe, soit 3 744
cycles dont le stabilisateur possède trois
éléments.16
On termine par le groupe (engendré par)
R6D6,
avec a priori 26.6! cycles fixés (12x10x...x2), soit
46 080, dont on doit retirer 720+96+48 (tous les cycles dont le
stabilisateur est strictement plus grand), il reste tout de
même 45 216 cycles de stabilisateur {Id,
R6D6}
(0 4 2 5 1 3 6 10 8 11 7 9)
en est un exemple synthétique.
Au total, cela fait bien 45 216 + 3 744 + 720 + 96 + 48 =
49 824 cycles.
Cherchons maintenant les stabilisateurs
possibles d'un cycle dans le groupe à 288
éléments des [B]DiRj
(où [ ] indique qu'il y a rétrogradation
facultativement)17.
Remarque : on a déjà
observé qu'aucun cycle n'est stable par une transposition, ou
bien une symétrie, ou bien un déphasage, ou bien la
rétrogradation.
Démonstration : quel est l'effet de
B.Dj
? Le cycle (a1...a12)
est changé en (aj...a1
a12...aj+1),
et dire que ces cycles sont égaux impliquerait que les
sous-cycles (a1...aj)
et (a12...aj+1)
fussent stables par rétrogradation, ce qui ne se peut.
Soit maintenant BRiDj
un élément du stabilisateur d'un cycle (on a
achevé la discussion des RiDj
sans B, et on cherche un stabilisateur qui ne soit pas réduit
à {Id}). Comme (BRiDj)2=R2i
doit aussi stabiliser le cycle, c'est que 2i = 0 et donc i
= 0 ou 6. Hé oui, l'anneau Z/12Z
n'est pas intègre... On trouve donc des éléments
de la forme BR6Dj
ou BDj.
Ces derniers sont exclus par le lemme précédent. Les
seules transformations avec rétrogradation sont donc les
BR6Dj
; mais si le stabilisateur
contient des transformations sans rétrogradations (autres que
Id), alors il contiendra aussi dautres
BR6Dj
: si par exemple RiDj
était dans le stabilisateur, alors
BR6Dj
.RiDj
= BRi+6Dj+j
y serait aussi. Cest impossible, car on devrait avoir i
+ 6 = 6, et donc i = 0, doù j =
0. En résumé, le stabilisateur ne contient que {Id,
BR6Dj}
et plus précisément on a le
Démonstration : on regarde
leffet de BR6Dj
sur le cycle (a1...a12)
; Dj
donne le cycle (aj+1...a12a1...aj),
BR6
transforme cela en (aj+6,
aj-1+6,
...a1+6,
..., aj+1+6)
et le tout doit être égal à
(a1...a12).
On en déduit que les sous-cycles
(a1...aj)
et (aj+1...a12)
doivent être stables par rétrogradation + transposition
dun triton - 6 demi-tons - ie par l'opérateur
BR6,
en notant B pour distinguer de B, la rétrogradation de
six symboles. En particulier, (a1,
aj),
(a2,
aj-1)
... sont des paires de notes transposées dun triton, ce
qui montre que j est pair.
Dénombrons maintenant les cycles correspondants : on a vu
déjà le principe, pour j = 0 par
exemple, il y a 12 choix pour a1,
qui détermine a12.
Il nen reste donc plus que 10 pour
a2,
doù a11,
etc... soit 12x10x8x6x4x2 = 46 080.
Pour BR6
en effet, on construit la série en partant des deux
extrémités : si la première note est 0, alors la
dernière est 0+6=6 ; on continue ainsi : (0 ... 6) (0 5 ... 11
6) (0 5 2 ... 8 11 6) etc... jusqu'à par exemple (0 5 2 10 1 3
9 10 4 8 11 6).
De même pour j = 2 : il y a encore 12x10x... =
46 080. Finalement, on trouve 46 080 cycles pour chaque
valeur paire de j, doù 276 480 cycles dont
230 400 sont nouveaux.
Pour BR6D2
par exemple la construction serait plus compliquée : on a
BR6D2
(a1...a12)
= BR6(a3...a12
a1
a2)
= (a2+6
a1+6
... a3+6)
et donc le ième
terme est lié au (3- i)ème
; un exemple de cycle ayant ce stabili-sateur est {5 11 1 8 6 3 10 4
9 0 2 7}.
En ajoutant ces 230 400 cycles aux 49 824
déjà obtenus, on trouve :
Etudions enfin le groupe le plus large,
à 576 éléments, et son effet :
Ses éléments sont de la forme
[B][Ri
ou Si]Dk,
où les crochets [ ] signalent que la présence
du contenu est optionnelle. En particulier, k peut être
nul.
Nous avons déjà trouvé des cycles
stabilisés par des éléments de la forme
RiDj
(i et j doivent être de même ordre),
BR6,
BR6D2j,
et BSi
(i impair). Nous avons interdit les éléments de la
forme Ri,
Sj,
Dk,
B seuls, et aussi BDj,
BRj
et BRiDk
pour i‚6. Il reste donc à essayer les
[B]SiDk,
et comme en prenant deux fois cette transformation on trouve
D2k,
il faut que 2k=0, i.e. k=6 ; finalement, il nous reste à
étudier les [B]SiD6,
qui sont les seuls nouveaux stabilisateurs possibles d'un
cycle.
Tout d'abord, notons que i doit être
impair. Sinon, deux notes seraient inchangées par la partie
symétrie (Si)
mais décalées de 6 crans par
D6.
Ensuite, dénombrons les cycles stables par
SiD6
: il y a 12 choix pour a1,
qui détermine a6,
donc plus que 10 pour a2,
etc... on reconnaît le calcul déjà
rencontré, dont le résultat est 26.6!=46 080, pour
tous les i impairs.
Remarquons enfin que si un cycle est laissé invariant par
SiD6,
son stabilisateur ne peut contenir de Ri"Dj
où j‚0 : on trouverait un Si'D6+j,
mais 6+j n'est pas un déphasage admissible.
C'est très similaire. On trouve que les deux sous-cycles (a1...a6) et (a7...a12) doivent chacun être invariants par B'Si, donc i doit encore être impair. Le dénombrement est le même. Remarquons aussi que si un cycle est laissé invariant par BSiD6, son stabilisateur ne peut contenir de Ri"Dj : on trouverait un BSi'D6+j, mais 6+j n'est pas un déphasage admissible.
Recherche du graphe des stabilisateurs possibles.
Pour compliquer les choses, il s'avère que l'on ne peut exclure a priori que les transformations trouvées ne recoupent les précédentes. Cela signifie, en d'autres termes, que l'on peut s'attendre à trouver des cycles dont le stabilisateur contienne une telle transformation, et un des stabilisateurs déjà obtenus. Par exemple, BSiD6 et Si'D6 peuvent fort bien cohabiter, leur produit étant BRi-i', à condition que i-i'=6 (0 étant exclu : sinon BR0 = B stabiliserait le cycle).
En effet : fixons un indice k, par
exemple 2 ; alors la donnée de a2
détermine aussi a11
(= a2
+ 6 par BR6),
a5
(= i-a2
par BSiD6)
et a8
(=i+6-a2,
par Si+6.D6).
On obtient ainsi quatre valeurs distinctes (modulo 12), qui forment
l'orbite de la note a2
sous l'action du groupe des quatre transformations
x->{x, x+6, i-x,
i+6-x}18
. Elles correspondent à quatre indices distincts, qui sont
quant à eux une orbite (dans l'ensemble des indices 1...12) du
groupe j->{j, 13-j, j+6, 7-j}.
On voit donc qu'il suffit, comme à l'accoutumée, de
fixer a1
(qui va déterminer quatre termes du cycle), puis
a2
(parmi huit choix restants), puis a3
(parmi quatre), d'où le résultat (12x8x4). Notons que,
comme toujours, la méthode de dénombrement nous donne
par surcroît un manière effective de construire des
cycles symétriques.
Cherchons s'il y a d'autres "gros" stabilisateurs possibles : on
trouve une transformation interdite en essayant de faire cohabiter
BR6D2j
avec l'une ou l'autre des nouvelles transformations, par exemple
(BR6D2j)(SiD6)
= BSi+6D6+2j
qui ne convient pas si 2j ‚ 0. Par ailleurs, il est
visiblement impossible de faire cohabiter deux
BSiD6
ou deux SiD6
(distincts !), car on obtiendrait des transpositions
Rj,
qui sont interdites. Pour finir, on essaye de composer par un
BSi',
ce qui donne BRi-i'D6
dans un cas et Ri-i'D6
dans l'autre.
Alors nécessairement i-i'=6, ce qui donne deux nouveaux
groupes de KLEIN
:
Les dénombrements sont identiques
à ceux faits pour Ki,
et la génération de cycles symétriques est
semblable à celle faite pour le cas
précédent.
Et si on ajoutait BSi'
à Ki
tout entier ? Il faudra encore que i'-i=6, mais cela donnerait
un gros groupe, contenant au moins BR6D6,
BSi+6,
SiD6,
R6D6,
BSi+6,
BSiD6,
BR6
et donc aussi BSi+6BR6=Si,
impossible19.
Tous les cas ont été vus, et le résultat est le
suivant :
Pour dénombrer les cycles
correspondants, ce qui nous dira (enfin !) quel est le degré
de rareté de la symétrie parmi les cycles, il faut
faire une nouvelle - la dernière - figure du graphe de ces
groupes ; on y note les groupes par un générateur (ex.
BR6
pour le groupe {Id, BR6}),
et l'inclusion par une flêche. Etant donné que les
RiDj
n'interviennent pas dans les nouveaux groupes, ils forment une
sous-figure, déjà donnée, qui viendrait se
greffer à la partie la plus complexe par le seul groupe commun
{Id, R6D6}
; jouent aussi un rôle particulier les groupes {Id,
BR6}
et {Id, BR6D6}
: ils sont communs respectivement aux groupes
K'i
et K"i.
Plus généralement, on met à part dans le
schéma la série des BR6D2j
qui n'ont de flêche vers personne. Restent à placer les
BSi,
BSiD6
et SiD6
à proximité des groupes K, K', K'' concernés, ce
que l'on a fait ici dans le seul cas (i=1
ou 7) pour y voir plus clair, et l'effroyable
figure est
complétée.
Je prie de le lecteur de lire la suite avec
un il, au moins, sur le
schéma ! On a vu que chacun
des groupes Ki
(ou K'i,
ou K''i)
est le stabilisateur de 384 cycles exactement. Ces 18 familles de 384
cycles ne se rencontrent évidemment pas. De plus, il
s'avère pour chacun des sous-groupes
BSi,
BSiD6
et SiD6,
dont on a calculé qu'ils laissent stables 26.6! = 46 080
cycles, que deux flèches en partent pour des groupes
Ki.
Il en résulte que chacun de ces groupes est le stabilisateur
de 46 080 - 2x384 = 45 312 cycles.
On peut aussi associer les groupes {Id,
BR6}
et {Id, BR6D6}
dans un même calcul : comme ils sont tous deux inclus dans six
groupes du type K, ils sont les stabilisateurs de 46 080 - 6x384
= 43 776 cycles.
Il ne reste à recalculer que le groupe {Id,
R6D6}
: on avait vu que les groupes de la forme
RiDj
le "dépossédaient" de 2x48 + 2x360 + 4x12 cycles. Les
six groupes K" y retirent encore 6x384 cycles, et finalement il n'est
le stabilisateur que de 42 912 cycles.
Résumons nous dans un tableau :
Une remarque déprimante achèvera ce paragraphe: il existe d'autres types de transformations de la série, qui ont été utilisés avec bonheur par BERG entre autres compositeurs, et qui consistent en des mélanges du genre {a1...a12} -> {a5, a10, a15 ...} = {a5, a10, a3...}. Ils font évidemment éclater complètement la structure intervallique de la série, mais dans son opéra Lulu , BERG constitue ainsi les séries typiques de tous ses personnages (Alwa, Scholtz...) à partir de la seule série-leitmotiv de Lulu elle-même. Ce qui signifie qu'il reste du travail à faire dans la recherche des cycles symétriques...
On a remarqué en faisant la figure de
la série de la Suite Lyrique de
BERG
que tous les intervalles possibles s'y trouvaient présents
(l'intervalle de demi-octave, alias triton, alias +6, se trouve
forcément deux fois dans le cycle - il suffit de remarquer que
la somme de tous les douze intervalles doit être nulle modulo
12). Cette propriété est
rare :
à transposition et décalage près, pour commencer
le cycle par {0 1...}, André RIOTTE
a établi en 1969 à l'aide d'un programme FORTRAN qu'ils
sont 1928, soit 0,05796% de tous les cycles, ce qui a
été vérifié depuis par plusieurs
chercheurs indépendants, dont moi-même.
Indépendamment de l'intérêt historique ou
anecdotique (BERG
a "emprunté" cette série à un disciple...) de
cette propriété, les cycles équilibrés ou
CE ont la vertu importante d'étendre aux intervalles le
"principe de non répétition" que
SCHÖNBERG
voulait appliquer aux notes, ce qui l'a conduit à inventer la
série. On est donc à l'intersection du
sérialisme de hauteurs et du sérialisme d'intervalles,
et à l'aube de l'important mouvement du sérialisme
généralisé dont BOULEZ
fut le Pape dans les années 50.
Il parait présomptueux de vouloir raisonner sur les
stabilisateurs possibles des CE, alors que la seule façon de
les rechercher sera en dernier ressort de les tester un par
un20.
Néanmoins, on peut obtenir quelque résultats
généraux qui évitent de se perdre en calculs
superflus.
Par exemple, il est clair qu'aucun CE ne peut être stable par
les groupes RiDj :
l'intervalle +1 ne peut pas se trouver aussi bien entre
a1
et a2
qu'entre aj+1
et aj+2.
On exclut ainsi les groupes K". En revanche,
BR6
est possible. En fait, on remarque que si le CE c est stable par
BR6,
alors tout décalé Dk(c)
est stable par BR6D-2k.
On recherche donc (par un bête programme itératif en
Think Pascal) parmi les 1928 CE ceux qui sont stables par un
BR6Di,
et on en trouve 88 (commençant par (0 1...)) avec toujours
i pair, d'où l'existence pour chaque cas d'un (et
même de 2421)
décalé/transposé du CE stable par
BR6
"lui-même"
Par exemple {0 1 3 8 5 11 2 9 7 6 10 4} ou {0 1 3 9 7 6 2 5 10 4 11
8}.
En particulier, si le cycle de BERG
(5 4 0 9 7 2 8 1 3 6 10 11) n'est pas présent dans la liste,
on y trouve en revanche son représentant (0 1 7 6 2 11 9 4 10
3 5 8), décalé de 10 (et transposé), qui est
stable non par BR6
mais par BR6D4.
Vérifions-le en appliquant BR6
: on trouve (2 11 9 4 10 3 5 8 0 1 7 6), qu'il faut bien
décaler de quatre crans (D-4)
pour retomber sur le CE initial.
Les groupes D6Si
sont possibles aussi : on trouve 60 CE "renversables à
déphasage près". Mais il est impossible d'avoir de plus
gros stabilisateurs. Ceci s'explique heuristiquement par
l'idée que le fait pour un cycle d'être un CE est
déjà une propriété forte. En effet, vus
ses sous-groupes d'ordre 2, un plus gros stabilisateur ne pourrait
être qu'un groupe de la forme K, K' ou K", mais il
s'avère qu'aucun CE ne se laisse stabiliser par un
BSiD6
: donc K et K" sont exclus, reste le cas de K'. Mais K' contient
toujours BR6D6,
or il est impossible qu'un CE soit stable par cette transformation et
par un renversement-décalé
(SiD6)
: voyons-le sur un exemple.
{0 1 9 3 7 6 11 8 10 4 2 5} est un CE stable par
BR6D6,
en particulier l'intervalle 0-1 initial se retrouve entre la
cinquième et la sixième notes, renversé : 7-6.
Que se passe-t'il avec un renversement du type licite, par exemple
S7D6
? un CE stable par cette transformation est {0 1 9 3 8 5 7 6 10 4 11
2}, on constate que l'intervalle de seconde initial 0 -1 se retrouve,
renversé, entre la sixième et la septième notes.
Comme un même intervalle ne peut se trouver à deux
endroits différents dans un même CE, il en
résulte qu'aucun CE n'est à la fois stable par deux
transformations différentes.22
Ce qui démontre que la liste des 148 CE (x144, par
déphasages et transpositions) symétriques est
exhaustive.
Le présent travail avait plusieurs
objectifs : il est plaisant de constater que la théorie des
groupes (et plus spécialement des actions de groupes) admet
des applications à la musique ; il en est d'autres, celle
présentée ici est assez neuve (cf
[MORRIS]
tout de même). Pour étendre mes résultats
à la série généralisée
(particulièrement exploitée par
BOULEZ),
il conviendrait simplement de refaire le même travail avec
d'autres moduli que 12.
D'autre part, ce travail d'entomologiste aura permis
d'évaluer, dans des contextes de plus en plus larges (et
d'autant plus dignes d'intérêt), la rareté de cet
objet musical par excellence que constitue une série
dodécaphonique pourvue de symétries. Au passage et
gratuitement, les méthodes de dénombrement
utilisées, qui mathématiquement reposent toutes sur une
multiplication du nombre des domaines fondamentaux possibles d'action
du groupe par la longueur d'une orbite, autorisent le compositeur
à fabriquer aisément ses propres séries pourvues
des propriétés désirées.
Enfin, nous avons terminé par le cas très
spécial des CE, qui à mon avis méritent une
considération toute particulière de la part des
musiciens sériels puisqu'ils constituent le cas étrange
d'objets pré-post-sériels ! Il est satisfaisant aussi
d'avoir mesuré l'extrême rareté de la
série de BERG
(4,56% x 0,05796% = 0,002643 % de tous les cycles) et de pouvoir
construire facilement toutes celles qui jouissent des mêmes
propriétés, ou de propriétés similaires.
J'espère que des lecteurs de cet article auront à
cur de me faire parvenir les partitions qu'il aura pu les aider
à composer.
Bibliographie
[AMIOT]
: Pour en finir avec le Désir: la notion de
symétrie en Analyse Musicale. , in Revue d'Analyse
Musicale N° 22 (février 91)
[HELGOUARCH]
Musique & Mathématique, suivi de Gammes naturelles
, publications de l'APMEP, N° 53.
[RAHN]
Basic Atonal Theory - Mac Millan NY 1980.
[FORTE]
New approaches of the linear analysis of music - J. of Am. Mus.
Soc. Vol XLI/2 pour l'abondante bibliographie.
1 Les principales uvres de Matthias HAUER viennent enfin dêtre traduites en français...
2 Vice-président de la SFAM, rédacteur en chef de la revue Musurgie, compositeur.
4 En particulier SioSj = Ri-j (le produit de deux symétries est une rotation).
5 Si G et G' sont deux groupes, on définit leur produit direct comme l'ensemble GxG' des couples (g, g') (avec gG et g'G') muni de la loi (g, g')x(h, h') = (gh, g'h').
6 Et encore, l'indice i du renversement doit être impair, i.e. l'axe ne peut pas passer par deux notes : si on prenait par exemple S0, il faudrait que 0 et 6 (Do et Fa#) ne fussent pas changées de place par la rétrogradation, puisque la symétrie les laisseraient toutes deux en place ; or toute note de la série est déplacée par B.
8 La notation est mnémotechnique, mais il faut veiller à ne pas la confondre avec les groupes diédraux ; le contexte restera suffisamment clair pour que l'on ne rique pas de confondre.
9 Il a 144 éléments, et est produit direct de Z12 par Z12 ; c'est un groupe commutatif.
10 On pouvait également appliquer le théorème de LAGRANGE au sous-groupe engendré par la transformation.
11 Parce que rotations et décalages commutent.
12 Une démonstration plus rapide, mais plus abstraite, consiste à projeter le groupe cherché sur deux groupes quotients - cela revient à considérer les Ri en oubliant la partie déphasage, et réciproquement. On constate que les deux quotients sont cycliques, et on conclut à l'aide du lemme.
13 Ce sont les gammes chromatiques et les cycles des quintes.
14 Dans le treillis, deux flêches partent de chaque groupe vers des sur-groupes à 12 éléments.
15 Composés de deux gammes par tons (comme (8 10 0 2 4 6 )) complémentaires entrelacées.
16 Réunions de quintes augmentées (0 4 8), (1 5 9), ..., comme le cycle {0 11 6 5 4 3 10 9 8 7 2 1 }.
17 Ce groupe est produit semi-direct du précédent par {Id, B} ; il n'est plus commutatif.
18 Le fait que les quatre valeurs soient distinctes vient de ce que i est impair ; si une valeur x avait un stabilisateur non réduit à {Id} dans ce groupe, on aurait x=i-x, ou x=i+6-x ou bien encore x=x+6 et ces trois égalités sont impossibles (la dernière l'est toujours) pour i impair.
19 En fait on tomberait sur un groupe à seize éléments, ensemble des produits de B, Si , R6 et D6 - qui commutent tous entre eux: ce serait le groupe (Z/2Z)4.
20 Ou plutôt de tester chacun des représentants de la forme (0 1 ...), puisque chaque orbite contient un et un seul CE de ce type, à transposition et déphasage près. On utilise ici que si un CE possède un stablisateur non trivial, alors les éléments de son orbite ont des stablisateurs isomorphes - et même conjugués. Il suffit donc de connaître le stablisateur d'un seul élément de l'orbite pour les connaître tous.
21 Si le CE C est stable par BR6D2j, les CE Dj(C) et Dj+6(C) ainsi que leurs douze transposés à chacun sont stables par BR6, et par rien d'autre. Il y a donc 88*24=2112 CE "aussi" symétriques que celui de Berg (soit 4,56% de tous les CE).
22 Les phénomènes constatés sont généraux, comme il résulte des définitions des opérateurs S, D, B. Un lecteur astucieux aura peut-être remarqué que l'argument donné n'est pas valide si le premier intervalle du cycle est un triton ; mais alors il suffit d'adapter cet argument au deuxième intervalle ! on peut arguer aussi que, si un CE était stable par un groupe à quatre éléments, alors tous ses décalés le seraient aussi (isomorphisme des stabilisateurs dans une même orbite), et donc le choix du premier intervalle n'est pas une perte de généralité.